Première partie ici
Les chrétiens celtes : St Colomba
St Patrick décéda vers la fin du 5ème siècle. L’un de ses adeptes, un brillant moine irlandais nommé Colum Cille, prit avec lui un coracle de douze moines pour aller rendre visite à leurs parents irlandais, sur la côte ouest de l’Ecosse. Colum Cille, plus connu comme St Colomba, avait sa propre vision de la meilleure façon d’introduire l’alphabétisation, la foi et les nouvelles technologies aux cousins germains de la côte ouest, les Scots. Plus tard il employa cette même vision chez les Pictes, qui régnaient sur le centre et l’est de ce qui devint l’Ecosse.

C’est grâce à St Colomba que l’Ecosse put profiter de la richesse des nouveaux savoirs venus d’Irlande. Il fonda un monastère sur Iona, qui avec le temps devint le centre d’une Eglise et d’un Etat liés. Son pouvoir et son prestige éclipsèrent même les monastères irlandais à l’apogée du Christianisme occidental.
Les chrétiens celtes : Le Livre de Kells
L’une des conséquences les plus marquantes de cette nouvelle abondance de civilisation fut la création du Livre de Kells. Cet énorme volume est un manuscrit enluminé des quatre évangiles du Nouveau Testament. Le Livre de Kells fut conçu pour impressionner. L’un des livres les plus volumineux du monde à l’époque, et l’une des plus grandes oeuvres de l’art occidental, la réalisation du travail complexe et délicat de ses 340 pages mit des années à s’achever.
Chaque page est rédigée sur du vélin. Il aura fallu plusieurs mois rien que pour transformer environ 150 peaux de veaux pour le vélin. Ce fut une tâche colossale, abattre les animaux, sécher et nettoyer les peaux et traiter le vélin pour qu’il puisse être peint.
Les couleurs utilisées pour les illustrations vinrent du monde entier. Une nuance particulière de bleu, l’outremer, était obtenue à partir de lapis-lazuli, qui à l’époque devait être extrait de la seule mine de lapis-lazuli existante, qui se trouvait au fin fond de l’Afghanistan. En conséquence, le niveau d’organisation et de mise en réseau nécessaires à cette opération était hautement développé et complexe. Incidemment, la couleur jaune utilisée était un pigment hautement toxique, fabriqué à partir de sulfures d’arsenic. Il aura sans doute causé la mort de plusieurs des illustrateurs à avoir travaillé avec.

Il y a des désaccords concernant le lieu de création du livre. Il a sans doute été commencé à Iona, mais les raids Vikings compliquèrent les choses, si bien que les moines relocalisèrent soit sur Kells soit en Irlande, ou plus loin dans les terres en Ecosse. Quelle que soit l’histoire, la grandeur d’Iona est la fondation sur laquelle le Livre de Kells fut fait manifeste. C’est Iona qui fut pour un temps le centre suprême du Christianisme et de la Civilisation occidentaux.
A la mort de St Colomba en 597 après J.C, Pictland était rapidement en train de devenir part de l’Ecosse christianisée. L’Angleterre, cependant, était toujours aux mains du paganisme et de l’illettrisme des Saxons. Comme l’observa un jour un Gaulois, l’Angleterre avait été ‘réduite aux règles saxonnes’.
En dépit de l’ascendance commune des diverses factions d’envahisseurs saxons, elles se disputaient le pouvoir, ce qui entraîna de nombreux conflits. Il est possible que de petites communautés chrétiennes aient survécu parmi les Britanniques. Des noms comme Eccles suggèrent un endroit où une église chrétienne était toujours en activité (dérivée du latin ecclesia qui signifie ‘église’). Mais Woden, ou Odin dans la mythologie nordique, était à l’époque le dieu principal des Saxons britanniques.
Ce n’est pas avant le 7ème siècle que l’Angleterre commença à être convertie au Christianisme, se mit à archiver des documents écrits, et émergea finalement des ténèbres. La Papauté à Rome avait ses propres ambitions impériales. Aux alentours de 597 après J.C, l’année de la mort de Colomba, Gregory envoya Augustin en Bretagne en tant que missionnaire pour essayer de convertir les Saxons. Augustin de Canterbury, comme il vint à être connu, était le premier archevêque de Canterbury. Les Saxons, cependant, étaient obstinés et réfractaires, et comme le décrivit Bede, historien du 8ème siècle, dans ses annales, la mission de Rome échoua. Après vingt ans, la mission avait seulement réussi à convertir le Kent.
Les chrétiens celtes : le Roi Oswald et St Aidan
Pendant ce temps, en Northumbrie, un grand royaume qui s’étendait alors de la rivière Humber jusqu’à Edimbourg, un jeune roi, Oswald, était rentré au pays pour gouverner son royaume. Il avait été forcé à 18 ans d’exil à l’âge de douze ans, et passa une grande partie de ces années à Iona, où il apprit à lire et écrire et fut converti au Christianisme. A son retour en Northumbrie, il était déterminé à convertir son peuple. Après qu’il eut rencontré des difficultés, un moine fut envoyé d’Iona pour l’aider. Le nom du moine était Aidan.

St Aidan fonda Lindisfarne à l’image de son premier foyer. Similaire à Iona, mais plus accessible par une chaussée submersible, et battu par les vents de la mer du Nord de la même façon qu’Iona est battu par les vents de l’Atlantique. La perfection pour un moine avec des tendances d’ascète ! Avec la protection du Roi Oswald, Aidan propagea sa vision paisible de la Chrétienté. Il soutenait que les individus avaient besoin d’être rassurés par les paroles du Christ, et non qu’on les martèle avec. En plus de l’alphabétisation, des techniques de construction à base de pierre, et d’autres technologies rapportées d’Iona, Aidan et ses moines commencèrent à transformer le nord de l’Angleterre. L’abbaye de Hexham fut construite à cette époque avec des pierres recyclées de vieilles ruines romaines. Les Saxons n’avaient pas les connaissances pour construire en pierres.
Les historiens maintiennent que le succès des chrétiens celtes est l’événement le plus important du premier millénaire en Angleterre. Il a sorti l’Angleterre du soit disant âge des ténèbres, et cela grâce aux Ecossais celtes. Eventuellement, l’Angleterre se soumit à l’autorité du pape, alors que la suprématie d’Iona et l’influence des chrétiens celtes disparaissaient peu à peu. Mais pendant son apogée, le Christianisme celte apporta les graines de la civilisation en Angleterre.

La Crypte du 7ème siècle à l’abbaye d’Hexham nous montre que les premiers chrétiens anglo-saxons utilisaient des pierres romaines recyclées. Sur ce mur, on peut clairement voir des morceaux de corniches romaines, engravées de feuilles d’oliviers, qui ont probablement été extraites d’une villa abandonnée de la région et réutilisées pour construire la Crypte, grâce à des techniques de travail de la pierre enseignées par les moines celtes.