Les Français sont-ils vraiment toujours de mauvaise humeur ?

Parmi toutes les idées reçues sur les Français, il y en a une qui a la vie dure : on prétend qu’ils seraient toujours de mauvaise humeur.

Cette impression vient d’une mauvaise compréhension de leur attitude. Les soupirs, les gémissements, l’expression de leur insatisfaction ne signifient pas qu’ils sont de mauvaise humeur.

En réalité… ils râlent !

Ronchonner, en France, est un véritable art de vivre. Mieux : c’est une invitation à faire connaissance, à exprimer son ressenti… et il paraît que c’est même bon pour la santé !

les Français de mauvaise humeur

Ne pas confondre râler et se plaindre

Tempêter après la météo, rouspéter après le gouvernement, pester après le bus ou le train qui est toujours en retard, grogner après tel ou tel aspect de son travail… Toutes les occasions sont bonnes pour râler !

Pourtant, les Français ne sont pas malheureux ni mécontents de leur sort. En règle générale, toutes les enquêtes d’opinion montrent qu’ils sont plutôt satisfaits de leur vie personnelle.

En réalité, râler est un héritage culturel issu du siècle des Lumières. Ils ont adopté un esprit frondeur, qui les amène à tout remettre en question. Par la suite, la Révolution Française leur a appris à oser contester.

Même si c’est de façon très informelle. En effet, il y a des règles tacites qui régissent cet art : on ne râle pas n’importe quand, sur n’importe quel sujet et avec n’importe qui.

Dire quelque chose de négatif… peut être très positif

Contrairement à un Américain, un Français qui exprime quelque chose de négatif ne souhaite pas clore la discussion.

En réalité, il invite simplement son interlocuteur à dire aussi ce qu’il pense. Même s’il n’est pas d’accord ! Car c’est une autre caractéristique des Français : ils adorent les débats d’opinion. L’opposition ne les effraie pas.

Oser critiquer va même être perçu comme un signe d’intelligence. À l’inverse, l’excès d’optimisme donnera une impression de naïveté.

Bien choisir son sujet avant de râler

Si vous observez attentivement les Français, vous remarquerez qu’ils ne se plaignent quasiment jamais de leur vie personnelle.

Ils vont presque toujours commenter des événements extérieurs : la politique menée par le gouvernement, un fait divers, la perte de leurs clés ou de leur téléphone, les incivilités, etc.

Ils peuvent être acerbes quand ils parlent de leur pays, mais ce n’est pas nouveau. En 1896, dans son livre « L’homme et la vie », l’écrivain français Louis Gustave Vapereau estime que son peuple est celui qui « se diffame le plus volontiers. »

Créer du lien avec les autres

N’avez-vous jamais demandé « Ça va ? » à quelqu’un sans attendre la réponse ?

Quand un Français râle, il fait un peu la même chose. Concrètement, cela signifie que :

  • il ne s’attend pas à ce que la situation change ;
  • il ne vous demande pas forcément de l’aide pour résoudre son problème ;
  • il cherche avant tout à établir une relation avec vous.

Il vous suffit de l’écouter et de lui montrer que vous le comprenez pour établir un premier contact de qualité. Cela vous aidera ensuite à entamer la conversation et même à vous faire des amis français.

En effet, râler, c’est aussi être authentique. On dévoile certaines de ses failles, on ne joue pas un rôle en permanence, on assume son humanité. Et parfois (souvent !), on se découvre des motifs de grogne commune (ex. : la grève dans le métro, l’augmentation des prix…).

Ronchonner, c’est bon pour la santé

Quand il n’y a pas d’excès, râler est très bénéfique pour le psychisme humain.

En effet,  cela permet de relâcher la pression. En disant ce qui ne va pas, on évite d’accumuler les tensions. Car en se taisant et en prenant tout sur soi, il y a le risque de craquer et de verser brutalement dans la colère et/ou la violence.

Avec de réelles conséquences pour la santé :

  • tenter en permanence de brider ses émotions négatives augmente le risque de maladies cardiovasculaires (source : revue Biological Psychiatry, 2013) ;
  • masquer les émotions négatives (car elles ne seront jamais éradiquées !) augmente l’agressivité (source : étude Université du Texas, 2011).

Râler sans basculer dans la négativité

Pour éviter au cerveau d’être pris dans une spirale négative, le secret est de bien doser ses récriminations.

Il ne s’agit pas de se plaindre du soir au matin ! Les Français l’ont bien compris. Ils préservent leur moral en évitant de se répandre trop longtemps. Et dès qu’ils parlent de leur vie, de leur famille, de leurs amis… leur sourire revient et leur bonne humeur aussi.

Elle est même rapidement communicative, comme vous pourrez le constater lors des fêtes et des soirées françaises.

 

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