L’Armée républicaine irlandaise (IRA), ou Óglaigh na hÉireann en gaélique, regroupe plusieurs organisations paramilitaires.
Cependant, elles partagent toutes la même idéologie : s’appuyer sur la lutte armée pour s’opposer à la présence britannique en Irlande.
Voici les grandes étapes de l’histoire de ce mouvement qui a marqué l’actualité du pays et qui refait surface depuis le Brexit (source).
1916 : création de la Old IRA
Au début du XXe siècle, les Irlandais se battent pour obtenir leur indépendance. Les tensions sont particulièrement vives avec le Royaume-Uni. À tel point qu’en 1916, une tentative de soulèvement (« l’Insurrection de Pâques ») donne lieu à de violents combats à Dublin et Enniscorthy.
Face à leur cuisant échec militaire, des factions décident d’unir leurs forces. Ainsi, les Irish Volunteers (proches de l’IRB – Irish Republican Brotherhood) et l’Irish Citizen Army vont s’allier donner naissance à l’IRA.
L’Irish Republican Army (IRA) créée à cette période est désormais désignée sous l’appellation « Old IRA » afin de la distinguer des différentes organisations qui vont lui succéder.
1919-1921 : l’IRA mène une guérilla active durant la Tan War
Pendant 3 ans, sous le commandement de Michael Collins, l’IRA mène une véritable guerre d’indépendance et soutient activement le Sinn Féin, un parti politique nationaliste.
Les conflits débutent le 21 janvier 1919, quand l’IRA abat deux officiers de la police royale irlandaise (IRC). Par la suite, pour mettre la pression sur Londres et obtenir la création d’une République Irlandaise, l’IRA va multiplier les embuscades, les incendies des casernes de la RIC et des bureaux des impôts, mais aussi les assassinats.
La guerre cesse officiellement le 11 juillet 1921, grâce à la signature d’une trêve. Des actions violentes ont toutefois perduré jusqu’en juin 1922, essentiellement en Irlande du Nord.
En effet, même si un Traité accordant l’indépendance à l’Irlande a été signé le 7 janvier 2022, les partisans de l’IRA se déchirent.
Certains se contentent de cette reconnaissance partielle (IRA Pro-traité) tandis que d’autres veulent continuer à combattre afin d’obtenir d’intégration de l’Irlande du Nord à la République Libre (IRA Anti-traité).
En 1924, ces deux branches de l’IRA vont accepter de privilégier la voie diplomatique et politique pour faire valoir leurs positions respectives.
1948 – 1962 : une nouvelle vague d’attentats à la bombe et de meurtres
Dès la proclamation de la République libre d’Irlande, l’IRA fait à nouveau parler d’elle, principalement en Irlande du Nord (Belfast, Londonderry…) et en Grande-Bretagne.
Ses actions sanglantes, qui font de nombreuses victimes, choquent l’opinion et aboutissent au déploiement de nouvelles troupes britanniques dans l’Île d’Émeraude.
En 1962, l’IRA annonce un cessez-le-feu.
Les scandales du Bloody Sunday et de la mort de Bobby Sands
1969 est l’année qui va marquer le début des Troubles, une période d’intenses conflits entre les nord-irlandais et les Britanniques.
En 1972, la tuerie de manifestants pacifiques par l’armée britannique (le « Bloody Sunday ») conduit l’IRA à reprendre les armes et à orchestrer des représailles.
Une vague meurtrière qui va conduire Margaret Thatcher à arrêter les républicains et à les emprisonner à la Prison de Maze sans qu’ils aient été jugés. Pour dénoncer cette situation scandaleuse et tenter d’infléchir « La Dame de Fer », plusieurs membres de l’IRA entament une grève de l’hygiène puis une grève de la faim. Mais Margaret Thatcher ne cède pas… et en 1981, l’activiste Bobby Sands meurt de faim dans sa cellule.
L’opinion internationale fait part de son indignation, mais rien n’y fait : les jugements arbitraires vont continuer, tout comme les actes de violence de l’IRA.
En 1994, l’IRA est contrainte d’admettre l’inefficacité de sa stratégie. Après des années de violence, et un grand nombre de victimes civiles innocentes, rien n’a changé… Elle décide donc de déclarer un nouveau cessez-le-feu.
Le parti Sinn Féin tente alors de négocier avec la Grande-Bretagne, qui refuse tout compromis. Et en 1996, les attentats recommencent.
1998 – 2005 : le Processus de Paix
Le 10 avril 1998, l’Accord du Vendredi Saint met officiellement un terme aux Troubles, cette période sanglante qui a duré 30 ans (1969-1998) et provoqué la mort de 3480 personnes.
Dans cet accord, accepté par référendum, la République d’Irlande renonce à ses revendications territoriales sur l’Irlande du Nord. En contrepartie, une Assemblée officielle locale, qui réunit catholiques et protestants, va être élue proportionnellement. Les Irlandais du Nord obtiennent aussi le droit de s’identifier comme Irlandais ou Britannique, et d’avoir s’ils le souhaitent la double citoyenneté.
S’il représente une avancée indéniable vers la pacification de l’Ile d’Émeraude, ce traité de paix reste fragile. Plusieurs questions posent de nombreux problèmes : les tensions constantes entre catholiques et protestants, le refus de l’IRA de déposer les armes, l’instauration du système des minorités de blocage…
Mais grâce aux efforts continus de négociation, l’IRA ordonne la fin de la lutte armée le 28 juillet 2005 à 16 heures (source).
La reprise des conflits ?
Cela peut sembler paradoxal, mais certains membres de l’IRA ne l’ont pas trouvée assez radicale. Ils ont donc créé leurs propres factions pour continuer à réclamer la libération de l’Irlande du Nord.
Ainsi la Real IRA (ou RIRA), la Continuity IRA (ou CIRA) et la Provisional IRA (ou PIRA) ont continué à organiser des attentas et des assassinats.
Il faut aussi savoir que, suite au Brexit, certaines organisations nord-irlandaises unionistes ont refusé de maintenir leur soutien aux Accord de paix.