L’Histoire avec un grand H n’appartient jamais réellement au passé !
Les événements d’hier ont eu des répercussions sur la construction de l’Espagne contemporaine, mais aussi sur la façon dont elle envisage l’avenir. Certains sont d’ailleurs au centre de toutes les discussions actuelles, et ils continuent de déchaîner les passions.
Voici 5 dates clés à connaître pour mieux comprendre ce pays attachant :
711 : les Maures envahissent l’Espagne
Du palais de l’Alhambra à Grenade jusqu’au château de Gomaz (Aragon), l’Espagne regorge de joyaux architecturaux mauresques. Tous attestent de la domination culturelle musulmane qui a marqué le pays durant quatre cents ans.
Une invasion qui a débuté en avril 711, quand une armée musulmane franchit le détroit de Gibraltar et tue le roi Rodrigue lors de la bataille de Guadalete. Les Sarrasins vont ensuite s’imposer progressivement dans tout le territoire…
…avec, pour l’essentiel, l’approbation de la population locale. En effet, les différents groupes religieux et ethniques restent libres de pratiquer leur culte. Ils coexistent plutôt harmonieusement.
À noter : les monts Cantabriques et les Pyrénées occidentales échappent à l’emprise musulmane. Ces régions chrétiennes servent d’ailleurs de point de départ pour la « Reconquista », qui s’achève en 1492 quand Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon réussissent à reprendre Grenade.
1492 : l’expédition de Christophe Colomb
La découverte de l’Amérique latine marque un tournant dans le développement de l’empire colonial espagnol.
Le Nouveau Monde attire toutes les convoitises, car les légendes disent qu’il contient plusieurs « cités d’or ». Pour écraser les Aztèques, les Conquistadores multiplient les pillages et les massacres. Après le Mexique, ils se rendent au Pérou. Pizarro s’empare de Cuzco, la capitale inca.
Les populations locales sont réduites en esclavage ou soumises au travail forcé. Elles sont aussi évangélisées et converties au christianisme.
La colonisation menée par l’Espagne dans les Amériques s’étendra jusqu’au sud des États-Unis et même dans une partie de l’Alaska. Elle s’achèvera à la fin du 19ème siècle, avec l’indépendance de Cuba et de Porto Rico.
1936 – 1939 : la guerre d’Espagne
La IIe République instaurée en 1931 ne va pas résister longtemps aux divisions politiques et idéologiques qui gangrènent le pays, accentuées par une situation économique catastrophique.
En 1936, les républicains (communistes, léninistes, révolutionnaires anarchistes) et les nationalistes (droite et extrême droite) vont alors s’affronter dans la violence.
Le général Franco, qui s’autoproclame « Caudillo », unifie tous les partis nationalistes. Il gagne ensuite la guerre civile en 1939, notamment grâce au soutien de l’Allemagne Nazie et de l’Italie Fasciste.
Franco met en place une dictature qui se maintient jusqu’à son décès en 1975. A cette date, Juan Carlos monte sur le trône et restaure la monarchie. Il amorce l’année suivante une transition démocratique.
2014 : le roi Juan Carlos 1er abdique
C’est un coup de tonnerre que personne n’aurait imaginé quelques années auparavant ! En juin 2014, le roi d’Espagne est contraint d’abdiquer en raison de nombreux scandales.
On lui reproche la corruption de son gendre et de sa fille Cristina, sa participation à une coûteuse chasse à l’éléphant au Bostwana, ses liens avec l’oligarchie saoudienne, sa relation extra-conjugale avec une femme d’affaires allemande…
La popularité de Juan Carlos 1er est anéantie par ces révélations qui donnent l’impression d’un roi déconnecté de la réalité. Les Espagnols viennent en effet de traverser cinq années de crise économique particulièrement éprouvantes. Nombre d’entre eux peinent à s’en sortir financièrement.
En mai 2011, des manifestations massives vont d’ailleurs être organisées à Madrid. C’est la naissance du mouvement des Indignés. Ce dernier réclame plus de démocratie et d’équité, tout en critiquant la société de consommation.
Le 19 juin 2014, le fils de Juan Carlos est proclamé roi sous le nom de Felipe VI.
2017 : le référendum sur l’indépendance de la Catalogne est déclaré illégal
Entre l’État espagnol et la Catalogne, les relations sont souvent houleuses.
Cette région a commencé à s’émanciper dès 985 et à affirmer une forte identité. Le comté de Barcelone, comme on l’appelait alors, va rayonner sur toute la Méditerranée occidentale.
Aujourd’hui, forte d’une belle prospérité, elle continue de revendiquer son indépendance.
Le 1er octobre 2017, le gouvernement régional de Catalogne et le Parlement de Catalogne ont notamment organisé un référendum d’autodétermination. Le résultat a été éloquent : le « oui » l’a emporté à 90% avec un taux de participation de 42,4%.
Deux semaines plus tard, le 17 octobre, le Tribunal constitutionnel espagnol a déclaré ce référendum illégal.
Pourtant, le bras de fer initié par la Catalogne est loin d’être terminé. En décembre 2022, les dirigeants catalans ont annoncé vouloir organiser un référendum, mais cette fois en accord avec le gouvernement central espagnol (source). Leur motivation va être renforcée par la récente suppression du délit de sédition (source).