La Guerre d’Espagne est une guerre civile qui a duré 3 ans. Entre 1936 et 1939, les républicains et les nationalistes se sont affrontés de façon très violente.
Il y a plus d’un million de victimes, de façon directe ou indirecte (maladies), et plus de 400 000 personnes se sont exilées vers la France, le Royaume-Uni, le Mexique et même l’Union Soviétique (car nombre de républicains sont communistes). Cet exode massif est appelé « la Retirada ».
Mais ce conflit n’est pas seulement espagnol : très vite, il a pris une dimension internationale.
Une crise profonde à l’origine du conflit
Le terreau de la guerre civile espagnole ? Un pays profondément divisé et meurtri, en proie à de multiples troubles (sociaux, économiques et politiques), notamment suite au krach de 1929.
L’Espagne a aussi traversé une période de dictature, avant de passer à la Seconde République en 1931. Mais les républicains ne parviennent pas à enrayer la crise et la situation s’aggrave.
Un événement va notamment mettre le feu aux poudres : la sanglante répression du mouvement des mineurs dans les Asturies en 1934. Elle va se solder par plus d’un millier de morts.
Alors lorsque le Front Populaire (« el Frente Popular ») gagne les élections en février 1936, les militaires décident de réagir. Ils sont d’ailleurs appuyés par les monarchistes et l’extrême droite.
Le 17 juillet, une insurrection menée par le général Francisco Franco tente, en vain, de renverser le gouvernement. C’est le début de la guerre entre les nationalistes et les républicains.
Le 19 août, le poète et dramaturge Federico García Lorca est fusillé en Andalousie. Les nationalistes lui reprochent ses engagements antifascistes et ses sympathies républicaines.
Le 6 novembre, le gouvernement légal est contraint de fuir à Valence. L’année suivante, en mai 1937 et alors que la guerre fait rage, le président républicain Largo Caballero est remplacé par le socialiste Juan Negrín. Ce nouveau gouvernement s’installe à Barcelone.
Deux blocs internationaux vont s’opposer
Les républicains espagnols vont être affaiblis par la conjoncture européenne de 1936.
Tous les pays traversent une période de dépression et peinent à surmonter le krach de 1929. Les sentiments nationalistes se réveillent, et la situation de l’Espagne est suivie avec une grande attention par les régimes démocratiques.
Pourtant, pour éviter un embrasement de tout le continent, 25 pays vont signer en août un accord de « non-intervention » proposé par la France. Une initiative qui sera plus ou moins bien suivie selon les pays. En France justement, de nombreux intellectuels (Malraux, Simone Weil, Aragon, Eluard, Robert Capa…) prennent position pour les républicains ; des armes leur sont apportées et des volontaires combattent à leurs côtés.
Si l’URSS n’envoie que 2000 hommes se battre sur place, les Brigades internationales vont mobiliser plus de 35 000 volontaires, venus de 50 nations différentes (dont Ernest Hemingway).
Les nationalistes soutenus par Hitler et Mussolini
Franco va bénéficier de deux alliés de poids :
- l’Allemagne nazie, qui redoute une généralisation du conflit et souhaite renforcer sa position ;
- et l’Italie fasciste, qui convoite des bases militaires dans les Baléares.
Les moyens fournis à Franco sont massifs : des avions, 80 000 miliciens italiens, 10 000 aviateurs d’élite allemands, des armes (mitrailleuses, canons) et du matériel lourd.
Le massacre de Guernica
Le 26 avril 1937, la ville basque de Guernica est bombardée par 44 avions de la légion Kondor allemande et 13 avions italiens.
Selon les chiffres officiels, 1654 personnes sont tuées et plus de 800 blessées.
Écœuré par l’horreur de cet événement, le peintre Pablo Picasso crée une toile qui deviendra une de ses œuvres les plus connues : Guernica. Commandée par le gouvernement espagnol, qui la présente lors de l’exposition universelle en 1937 à Paris, elle sera ensuite conservée au MoMA de New York.
Il faudra attendre 1981, bien après la mort de Franco, pour qu’elle puisse être présentée en Espagne.
Les conséquences de la Guerre d’Espagne
Le 27 février 1939, avant que la guerre civile ne soit terminée, la France reconnaît officiellement le régime franquiste. Car le général a formé son propre gouvernement à Burgos.
Le 5 mars, le gouvernement républicain est renversé et négocie la reddition de Madrid pour éviter une nouvelle explosion de violence.
Le 28 mars, Franco s’empare de Madrid. Il va alors instaurer une dictature qui va durer 36 ans.
Le régime franquiste, qui n’admet qu’un seul parti, va s’acharner sur les républicains qui ont refusé de quitter l’Espagne. Franco s’est d’ailleurs proclamé « el Caudillo » (le guide), dès octobre 1936, à l’image des surnoms pris par ses alliés allemands (« Führer » pour Hitler) et italiens (« Duce » pour Mussolini).
En 1976, à la mort de Franco, la dictature prend fin. Juan Carlos restaure la monarchie et amorce une transition démocratique.
Aujourd’hui, depuis l’an 2000, le passé tourmenté de l’Espagne alimente les débats, tout comme le devoir de mémoire ou le pardon imposé par la contestée loi d’amnistie votée en 1977. De fait, tous les actes commis sous la dictature (répressions, tortures, assassinats, abus d’autorité…) n’ont jamais été jugés (source).