L’Espagne est un pays riche en territoires contrastés et inspirants, qui ont donné naissance à d’incroyables légendes !
Nourries de l’imaginaire des populations locales, elles ont aussi fourni une incroyable matière aux romanciers. Par exemple, dans son roman « Don Quichotte », Miguel de Cervantes imagine que son chevalier confond les moulins à vent des plaines de la Manche avec des géants en maraude.
Zoom sur une sélection d’histoires ancrées dans la culture espagnole.
La légende « frisson » : le cortège de la Güestia dans les Asturies
Cette histoire se retrouve sous différents noms dans plusieurs régions d’Espagne, mais aussi dans le reste de l’Europe. Avec, bien sûr, quelques variantes locales !
La Güestia est une procession funeste : des âmes tourmentées s’échappent du cimetière et arpentent la terre. En double file, elles psalmodient des propos incompréhensibles. Mais vous les reconnaitrez facilement à leurs bougies… et surtout aux os qu’elles transportent.
Curieusement, elles ne sortent pas pour Halloween, mais plutôt pour la Saint-Jean, le 24 juin.
Théoriquement, apercevoir la Güestia signifie une mort prochaine. Heureusement, il existe une protection :
- Ne pas s’approcher.
- Ne pas regarder le cortège.
- Se placer à l’intérieur d’un cercle dessiné sur le sol avec un rameau d’olivier. Il faut toutefois être prévoyant, car cette branche doit être bénie le dimanche des Rameaux.
Vous voilà prévenus !
La légende « mi-figue, mi-raisin » : Les lamias du Pays Basque
Les lamias sont des sortes de sirènes très présentes dans les contes et les récits de cette région d’Espagne. Elles sont réputées pour leurs longs cheveux blonds, qu’elles peignent très souvent.
Comme leurs consœurs celtiques, elles ont tantôt une image positive, tantôt une image négative.
Parfois, les lamias sont de véritables alliées pour les pêcheurs du coin : elles les aident, viennent à leur secours et, comme elles sont très belles, il arrive même qu’elles se marient avec eux.
Mais elles peuvent aussi être redoutables : certaines, comme dans la mythologie grecque, attirent les pauvres marins dans le seul but de les noyer…
La légende « feelgood » : les créatures de Bilbao
Si vous passez du côté de Bilbao, ne manquez pas de faire aussi un tour du côté du pont de la Merced ! Il tire son nom d’un ancien couvent devenu aujourd’hui une salle de spectacle (la Sala Bilborock).
Vous pourrez y admirer des sculptures représentant des créatures mystérieuses, à l’apparence évoquant des griffons. Les célibataires qui touchent leurs ailes ou leur dos rencontreront l’amour, tandis que les amoureux auront de la chance leur vie entière.
Derrière cette légende urbaine se cache un joli conte. On raconte que dans les temps anciens, quand ce quartier n’était encore qu’un bois, plusieurs de ces créatures ailées ont survolé Bilbao. Sur leur passage, elles distribuaient chance et amour à tous ceux et celles qu’elles croisaient.
La légende « mythologique » : le cuélebre dans les régions celtiques
Le cuélebre se trouve dans les Asturies, la Galicie et la Cantabrie.
Ce monstre étrange est un genre de serpent ailé, qui présente une tête de dragon. Immense, il est recouvert d’écailles vertes et rouges. Il vivrait dans les profondeurs de la mer ou de la terre, à l’abri d’une grotte, d’un bois ou même d’une fontaine.
Avec une mission : veiller sur de somptueux trésors, le plus souvent composés de pièces d’or et toujours bien cachés.
Or le Cuélebre a un appétit féroce ! Il dévore tous les êtres humains, qu’ils soient vivants ou morts. Il ne fait pas la fine bouche. La légende dit qu’il mange aussi bien le bétail que les jeunes filles, les chasseurs, les paysans, les moines… En bref, il vaut mieux ne pas passer à sa portée !
À noter dans vos agendas : on prétend qu’il serait encore plus dangereux la nuit de la Saint-Barthélemy. C’est toujours bon à savoir…
La légende « romantique » : le fantôme du Palais de Linares à Madrid
À Madrid, tendez l’oreille si vous visitez le Palais de Linares, situé Plaza Cibeles. Ce lieu, très prisé pour les tournages de cinéma, accueille la maison de l’Amérique.
Classé monument historique en 1976, il serait hanté par Raimundita, l’enfant née des amours illicites entre José de Murga et Raimunda Osorio. Car si le couple était marié, ces deux protagonistes étaient aussi… demi-frère et demi-sœur !
Lorsqu’ils ont découvert leur péché, suite à une lettre laissée par leur père au moment de sa mort, ils ont eu honte de leur conduite. Le pape Pie IX les a alors autorisés à vivre ensemble, dans la chasteté la plus totale. Mais pour « effacer » leur faute, José et Raimunda ont tué leur propre fille, qu’ils ont enterrée dans le palais.
Du moins, c’est ce que raconte la légende populaire, contredite depuis par le travail des historiens.