L’histoire de l’Italie a été marquée par une période sombre, qui a laissé des traces dans la mémoire collective : le régime fasciste de Benito Mussolini.
Connaître son parcours et la réalité de son système politique, c’est aussi comprendre les enjeux actuels du pays.
En effet, la nouvelle présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, ne cache pas son admiration pour le « Duce », même si elle reconnait qu’il a commis des « erreurs » (les lois anti-juives et l’entrée en guerre). Elle n’est d’ailleurs pas la seule. Si le nom du dictateur suscite le plus souvent de la répulsion, certains lui vouent une véritable fascination.
Voici les dates clés de l’ascension et la chute de Mussolini qui dessinent aussi, en filigrane, le portrait de l’Italie sous la dictature.
Mussolini, perturbateur politique
1883 – Naissance de Benito Mussolini, le 29 juillet, en Romagne. Son père est forgeron, sa mère institutrice.
1900 – Il adhère au Parti socialiste.
1902 – Il part en Suisse pour se soustraire au service militaire, qu’il effectuera finalement en 1904. Il va découvrir là-bas les idées de Lénine, échanger avec des réfugiés et se passionner pour l’idéal révolutionnaire soviétique. Après avoir commencé à exercer comme instituteur, Mussolini privilégie finalement une voie d’agitateur politique.
1909 – Il devient journaliste et dirige un média socialiste de Romagne : La Lotta di classe. Il se met à exalter « l’âme italienne », qu’il voit ancrée dans la classe moyenne. Ses pamphlets, toujours plus virulents, sont remarqués.
1912 – Mussolini prend la tête d’Avanti !; le journal du Parti socialiste.
1914 – Il milite pour que l’Italie s’engage dans la Première Guerre Mondiale, ce que réprouve le parti socialiste, dans le journal qu’il a créé : Il Popolo d’Italia. Quand l’Italie s’engage aux côtés des Alliés en 1915, Mussolini devient soldat volontaire. Il se bat jusqu’à ce qu’il soit réformé deux ans plus tard, suite à une grave blessure.
La naissance du fascisme
1921 – Mussolini crée le Parti national fasciste, à partir des Faisceaux italiens de combat, des groupes paramilitaires qu’il a fondés deux ans plus tôt. Il est animé par une ambition : restaurer la grandeur italienne.
Les Italiens sont d’autant plus sensibles à ses arguments que leur pays est en crise. Le chômage est particulièrement élevé, les grèves se multiplient. De plus, ils sont aussi déçus par le Traité de Versailles (1919), qui ne leur a pas donné les territoires qu’ils réclamaient.
28 octobre 1922 – Mussolini marche sur Rome avec des milliers de fascistes. Ceux-ci ont déjà fait preuve de violence dans les villes qu’ils ont traversées pour rejoindre le Duce, prenant notamment le contrôle de bâtiments gouvernementaux.
Le lendemain, il est nommé officiellement président du Conseil des Ministres par le roi Victor-Emmanuel III. Mussolini va ensuite mettre trois ans à peine pour mettre en place la dictature, notamment en raison de l’inertie du roi.
La dictature mussolinienne
1924 – Les résultats des élections, qui se sont déroulées dans une ambiance d’intimidation, sont contestés par le socialiste Matteotti. Parce qu’il demande leur annulation, il est enlevé et assassiné par les fascistes.
1925 – Mussolini instaure la dictature le 3 janvier, en assumant « toutes les responsabilités politiques et morales » de l’assassinat de Matteotti.
Jusqu’à la fin de l’année 1926, il va alors faire voter des lois « fascistissimes » : les droits civils sont réduits (ex. : interdiction des syndicats), l’État devient policier, les jeunes sont embrigadés dans des organisations de masse. Les citoyens sont considérés uniquement comme appartenant à une communauté, leurs libertés individuelles sont niées.
Tous les médias sont contrôlés par le ministère de la Propagande et doivent servir l’idéologie fasciste. L’éducation aussi : dès qu’ils naissent, les Italiens sont vus comme des fascistes en devenir.
Mussolini multiplie les grands projets : urbanisation de l’Italie, renforcement de la monnaie, autosuffisance agricole (« la bataille du blé »)… Mais pour la population, le quotidien est toujours marqué par la misère et le chômage.
La fin de Mussolini
1935 – L’Italie de Mussolini décide de conquérir l’Éthiopie avec le soutien de l’Allemagne d’Hitler.
1936 – L’Éthiopie est annexée par l’Italie. Comme Hitler, Mussolini envoie des moyens militaires à Franco, qui instaure la dictature en Espagne. Le Duce signe l’Axe Rome-Berlin en novembre.
1940 – Le 10 juin, Mussolini déclare l’entrée en guerre de l’Italie, aux côtés de l’Allemagne nazie.
1942 – Les troupes de l’Axe sont contraintes d’abandonner l’Afrique. En novembre et en décembre, Mussolini se fait remplacer deux fois lors de réunions prévues avec Hitler.
1943 – Début juillet, les Alliés débarquent en Sicile. Le 19, Rome est bombardée tandis que Mussolini se trouve avec Hitler en Vénétie.
1945 – Fin de la Seconde Guerre mondiale. Mussolini est arrêté puis libéré par un commando SS. Il crée la République de Salo dans le nord de l’Italie. Il est à nouveau arrêté par les maquisards communistes et exécuté le 28 avril.