Avez-vous déjà entendu l’expression « Luck of the Irish » ? Elle signifie littéralement « la chance des Irlandais »…
Alors mythe ou réalité ? Même si elle a alimenté certaines superstitions, cette expression a des racines historiques et elle n’a pas toujours eu une connotation positive.
Plusieurs explications autour de la fameuse « chance des Irlandais »
Les mythes et les fables
Dans les traditions celtiques, la chance est omniprésente de façon plus ou moins explicite. Prenons l’exemple du Leprechaun, ce petit personnage barbu, vêtu de vert ou de rouge et coiffé d’un chapeau.
Selon la légende, il cache un chaudron rempli de pièces d’or au pied d’un arc-en-ciel… ce qui le rend à la fois chanceux et riche. Ceux qui le capturent sont aussi vernis : il exaucera 3 vœux pour être libéré.
Les mines d’or et d’argent
Edward T. O’Donnell, professeur d’histoire au Holy Cross College et auteur d’un livre sur l’histoire des Irlandais aux États-Unis, estime que cette expression est liée aux mines d’or et d’argent.
Durant la deuxième moitié du 19e siècle, suite à l’émigration massive liée à la Grande Famine, de nombreux Irlandais se sont installés aux États-Unis.
Comme ils étaient pauvres et peu qualifiés, ils ont aussi pris part à la ruée vers l’or. Ils ont alors fait partie des mineurs les plus célèbres, car ils trouvaient les plus beaux filons.
Progressivement, leurs succès dans l’extraction minière ont donné naissance à l’expression « Luck of the Irish ». Une formulation péjorative, puisqu’elle suggère que seul le hasard pouvait expliquer leur réussite.
Le trèfle : un symbole de la chance… mais aussi de la Trinité
Le trèfle est un symbole très populaire en Irlande, à tel point qu’il a son propre nom (le « shamrock »). Le 17 mars, le jour de la Saint-Patrick, nombre de personnes arborent fièrement ce motif (vêtements, lunettes, colliers, etc.).
La petite plante fait tout simplement partie du folklore national, au même titre que le légendaire Leprechaun ou que la bière verte. Dans les pubs, elle est même dessinée dans la mousse de la Guinness… et elle est devenue l’emblème de l’équipe nationale de rugby (surnommée « le XV du Trèfle »).
Un succès qui trouverait son origine dans le sermon du Rock of Cashel, tenu par le missionnaire chrétien au Ve siècle. Ce jour-là, Saint-Patrick aurait utilisé le trèfle pour expliquer la Trinité aux Irlandais. En effet, à l’image de Dieu, il est composé de trois lobes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
C’est cette dimension religieuse qui explique pourquoi des gravures de trèfles ornent fréquemment les croix celtiques. Il faut aussi savoir que cette plante était déjà très présente dans la mythologie celtique : utilisée par les druides pour les esprits malins, elle évoquait la déesse-mère Brigit. Sa dimension sacrée a donc été renforcée par l’intervention de Saint-Patrick.
Le trèfle à quatre feuilles, un porte-bonheur incontournable
L’engouement pour ce symbole a probablement été renforcé par la réputation de porte-bonheur du trèfle à quatre feuilles. Ce dernier est particulièrement rare : parce qu’il est atteint d’une mutation génétique, il n’en existe que 1 sur 10 000 en moyenne.
Ceux et celles qui le trouvent sont donc d’authentiques chanceux… et ils sont forcément Irlandais. En effet, si vous parlez avec les habitants dans les pubs gaéliques, ils vous diront qu’il y a plus de trèfles en Irlande que dans le reste du monde.
« Luck » : chance ou destinée ?
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Pour certains, le mot « luck » ne devait pas être traduit par « chance », mais plutôt par « fortune » dans son sens le plus ancien. On pourrait donc aussi parler de hasard, qui peut tour à tour apporter bonheur ou malheur.
À l’image de l’histoire de l’Irlande, qui a connu plusieurs épisodes très difficiles : les guerres de clans, l’invasion des Vikings, The Irish Potato Famine, les Troubles (avec les attentats de l’IRA, mais aussi la répression britannique notamment lors du Bloody Sunday), etc.
Ils ont aussi dû surmonter la discrimination lorsqu’ils sont partis pour le Nouveau-Monde, comme près de 2 millions de leurs compatriotes.
Autant de moments douloureux et de tragédies qui n’ont rien à voir avec la « chance », du moins telle que nous l’envisageons aujourd’hui !
Pourtant, c’est aussi ces passages sombres qui ont forgé l’image du tempérament irlandais : fort, volontaire… et riche en savoir-faire (n’oubliez pas qu’ils ont su faire fortune dans les mines). Une vraie chance !
D’ailleurs, la « luck » irlandaise est devenue tellement célèbre qu’elle a donné naissance à de beaux dictons. Par exemple, on peut dire à un Irlandais : « If you’re enough lucky to be Irish… You’re lucky enough! » (Si tu es assez chanceux pour être Irlandais… Tu es suffisamment chanceux!).