Mais qui étaient nos ancêtres les Gaulois ?

Décrits par l’écrivain Fabius Pictor, le premier historien romain, comme « remarquables par l’éclat de leur vigueur et de leur beauté », les Gaulois étaient-ils réellement nos ancêtres ?

Cette idée a été tellement répandue puis contestée qu’il est difficile de s’y retrouver ! Heureusement, en s’appuyant sur la science (en particulier la génétique) et sur les travaux des archéologues, les historiens arrivent désormais à faire la part des choses.

Un mythe, plutôt qu’une réalité historique

Au XIXe siècle, animés par la volonté d’écrire un « roman national », certains auteurs vont prendre quelques libertés avec la véracité des faits.

Un phénomène qui n’est pas nouveau. Par exemple, sous la monarchie capétienne, au 8e siècle, on aimait se trouver des ancêtres Troyens.

Sous la IIIe République, l’historien Amédée Thierry publie son « Histoire des Gaulois » en prenant quelques libertés avec la vérité. Il magnifie par exemple Vercingétorix, faisant du chef arverne un héros flamboyant. Mais il va aussi beaucoup plus loin en faisant des Gaulois une véritable « race » dont descend la quasi-totalité des Français.

C’est le début de la notion d’identité française ! Un autre historien, Henri Martin, s’empare de cette idée. Dans son Histoire de France, il considère que la Gaule et la France constituent une seule et même patrie.

Le mythe entre alors dans les manuels scolaires… Nos « ancêtres » sont présentés comme des héros, des résistants qui ont toujours défendu leur liberté.

Les Gaulois s’enracinent dans l’imaginaire collectif

De la fin du 19e siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, cette Gaule idéalisée va servir les objectifs nationalistes des hommes politiques. Elle permet notamment de revendiquer des frontières incontestables face à l’Allemagne et de présenter la France comme une nation ancestrale.

Cette « identité gauloise » est par la suite reprise par le régime de Vichy. Celui-ci s’en sert pour affirmer ses valeurs, comme les Nazis le font avec l’histoire germaine. Cette récupération explique le rejet de la thématique gauloise de la fin de la guerre jusqu’à la première moitié du 20e siècle. C’est d’ailleurs à partir de ce moment-là que le nom « Gaulois » est progressivement remplacé par celui de « Celtes ». Un choix loin d’être anodin : il s’agit de créer une entité plus large, qui offre des ancêtres communs à tous les Européens.

Mais nos chers Gaulois vont malgré tout s’imposer durablement dans nos esprits grâce aux artistes ! Il y a eu par exemple les premiers mots de la chanson « Faut Rigoler », écrite par Boris Vian et interprétée par Henri Salvador, qui évoquent « nos ancêtres les Gaulois ».  L’incroyable succès de la bande dessinée « Astérix »  va finir d’implanter ce mythe. Aujourd’hui encore, de nombreux Français sont persuadés qu’ils descendent de ces farouches Gaulois.

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Quelques clés pour démêler le vrai du faux

La Gaule : une invention des Romains

Les « Galli », selon les Romains, sont les tribus susceptibles d’attaquer le nord de l’Italie. Mais cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un peuple unique ! On y trouve aussi bien des Helvètes que des Ambiens, ainsi que de nombreuses autres ethnies. De plus, Jules César ne parle pas de « la Gaule » mais « des Gaules » : un mot un peu fourre-tout pour désigner les territoires conquis entre 58 et 50 av. J.-C.

Dans son livre « Le Mythe national. L’histoire de France revisitée », Suzanne Citron regrette d’ailleurs l’oubli de cette dimension multiculturelle et multiethnique, car il contribue à alimenter la xénophobie.

Les Gaulois : une importante population ayant laissé une descendance

Les recherches les plus récentes, menées par des historiens s’appuyant sur des données tangibles, montrent que les Gaulois n’ont pas attendu les Romains pour développer des techniques agricoles performantes !

Ils produisaient déjà des céréales et de la viande de façon abondante. Un constat qui implique une forte population, à la natalité soutenue.

Les Gaulois vont d’ailleurs réussir à constituer d’importantes armées pour résister à César durant ses huit campagnes, malgré le nombre élevé de victimes. Et même après sa victoire, celui-ci recrute des effectifs chez les Gaulois.

Pour se replonger au temps des Gaulois : le MuséoParc Alésia

Si vous passez en Bourgogne, le MuséoParc Alésia permet de se replonger dans la bataille d’Alésia qui s’est déroulée en 52 av. J.-C. Elle a opposé les Gaulois menés  par Vercingétorix et les armées de Jules César, qui en est ressorti vainqueur.

Installé sur le lieu même des combats, à Alise-Sainte-Reine, ce musée présente les équipements des guerriers de façon interactive, des vestiges, ainsi que des reconstitutions poussées (machines de guerre, légionnaires en tenue…).

Grâce à la technologie moderne, il est même possible de vivre une immersion numérique afin de mieux comprendre les multiples facettes de ce moment capital de l’histoire de France.

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